Si on (re) parlait en normand?
La région Normendie annonce un plan de sauvegarde et de valorisation de la langue normande.
Le samedi 19 janvier est à marquer d'une pierre blanche. Avec l'organisaion de la première rencontre régionale du "Parler normand", le président de la Région Normandie. Hervé Morin continue sa politique de développement de l'identíté normande
initié entre autres avec la mîse en place à l'été 2018 de la monnaie régionaie ke Rollon, il se poursuit avec l'annonce d'un plan régionai pour la sauvegarde et la valorisation de la íangue normande.
L'idée de ce plan remonte à bientôt un an. “Nous avons envoye' en février dernier un rapport à Hervé Morin, explique Nicolas Abraham, président de la Fédération des Associations pour la Langue Normande (FALE). Une enquête a eu lieu sur internet en amont, puis nous avons rédigé des conclusions avec des préconisations sur une politique régionale en faveur de la langue normande." Des propositions qui ne sont pas tombées
dans l'oreille d'un sourd.
Corses et Bretons inspirent Hevé Morin
Premier président de la Normandíe réuni?ée depuis décembre 2015. Hervé Morin ne rate pas une occasion de mettre en avant l'identité normande. Après la mise en place de la monnaie Rollon. promouvoir la langue - ou plutôt les dialectes qui composent le normand - s'imposait dans son esprit. "Après avoir reçu le rapport de la FALE, je suis allé en Corse à I 'automne et j 'ai rencontré les responsables d'associations qui font vivre la langue corse pour voir comment ils s'y prenaient. Cette rencontre a eu un rôle non-négligeable dans les choix pris pour cette nouveîle stratégîe régionale.
Une option langue normande dans les lycées et collèges
Ce plan développé par la Région se divise en trois grands axes. Le premier est de sauvegarder la langue via des actions menées en partenariat avec la Fabrique desn Patrimoines de Normandie. Une enquête sociolinguistique sur la pratique du normand, un recensement des ouvrages sur le "parler normand", un atlas linguistique sonore et une académie de la langue normande vont être mis en place.
Le second porte sur la valorisation et le développement du “parler normand". “Une option langue normande devra être réintroduite dans les collèges et/ycées comme cest déjà le cas à Bricquebec", développe Hervé Morin. Des animations telles que des cafés normands seront encouragées. L'aide au développement et à la structuration des associations sera encouragée. Enfin, la communication auprès du grand public sera renforcée sur des événements régionaux tels que La Normandie Phénoménale à Caen du 12 au 14 avril prochains.
“On se donne jusqu'à Septembre pour mettre en place les premiers éléments de cette politique, Notre volonté est de preserver notre patrimoine culturel et se réapproprier notre identité pour etre fiers de notre région, précise Hervé Morin. Le jour où les Normands seront aussi fiers de leur région que le sont les Bretons, je serai un homme comblé."
Les promoteurs de ce projet loin d'ètre un repli identitaire, louent une ouverture sur le monde. en particulier avec les iles anglo-normandes avec lesquelles on partage ces langues, développe Nicolas Abraham. Nous pouvons renforcer nos liens avec eux dans ce contexte de Brexit. Ce plan va au-dela de nos
espérances".
Les panneaux routiers en normand
L'obiectif final est la hausse du nombre de locuteurs (voir Repères). Le grand public jouera-t-il le jeu ? La question peut se poser. Le sentiment normand, présent chez certains, n'est pas aussi forts que chez nos voisins Bretons, chez les Corses ou les Basques.
La question du budget est aussi sensible. “Comptez quelques dizaines de milliers d'euros, assure Hervé Morin. La Fabrique du Patrimoine existe, donc il n'y a aucun budget supplémentaire, il suf?ra d'orienter sur ça les crédits qui allaient vers dautres recherches. Pour I'enseignement de la langue, si c'est comme à Bricquebec avec une heure par semaine, ça ne sera pas un budget considérable."
Un dernier point financier a servi de poil à gratter: les panneaux d'entrée de ville. Comme en Bretagne. le président de la Région Normandie souhaite voir les noms de communes dans les deux langues. Une dépense qui a fait grogner l'oppusition régionale en la personne de Nicolas Mayer-Rossignol, ancien président socialiste de Haute-Nomwandîe. Un faux problème pour Hervé Morin, pour qui leur prix n'est que "de 150 à 2OO euros le panneau".
Au delà du coût, s'aíoute un problème non-négligeable : la langue normande est en réalité une pluralité de dialectes avec leurs caractéristiques propres. Cotentinais, brayon, cauchois, jersiais ou encore augeron en sont une partie. Quel normand privilégier plus qu'un autre? “Je prends l 'exemple de
Quettehou dans la Manche, dont m'ont parlé les linguistes normands. note Hervé Morin. Cela peut s'écrire de 6 façons différentes I Il nous faut une autorité intellectuelle ou universitaire quí dise à une commune quelle est la réalité."
Un travail parfait pour la future académie de la langue normande mais une perspective pas simple de l'avis du maire d'Avranches et historien, David Nicolas. "Si la Normandie décidait de porter une langue normande uni?ée, pourquoi pas. Mais ça ne sera pas simple d'unifier le cauchois, le haguaís en le croisant avec de l'avanchin Bon courage !“ Et d'ajouter que bon nombre de communes ont un nom plus normand que français. “Au Val -Saint-Père, la paroisse s'appelait Saint-Pierre qui, prononce' à la normande, est devenu Saint-Père. Saint-Pois, c 'est un autre Saint-Pierre, l'évêque d'Avranches, donc
on est déjà dans le patois. ll faudrait presque plus franciser le nom !" Pas besoin de doubles panneaux dans ce cas. Sans oublier les communes nouvelles, dont bon nombre de noms n'ont absolument aucun lien avec l'héritage linguistique normand... Plus simple de réunir ses frontières que ses dialectes l
Pierre Maxime Leprovost
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