Archives J.B. de Hautot Saint Silpice

La signature

La signature


Est pas rien, dedpis que l'pé Bidouai avait déchidé d'ach'ter son corps de ferme, i dormait pu.
Fallait trâcher des capitaux, cheu l'notai, au Crédit Agricole, sais-t-y mé, même à Rouen pou la mutualité.
Mais dans l'fond d'li, c'qui voulait. surtout pin, était d'signer pou emprunter d'l'ergent...
Mais la Saint-Michel allait v'ni, était |'heu'e de s'remouquer.
Dans la cuisine surchaulfée, toute la compagnie est là.
L'propriétai, l'notai, l'sienne du Crédit Agricole.
Eul café est écâuffé pou tout à l'heu'e.
Le «Courrier Cauchois ›› en sous-main su la table, la bouteille d'encre violette et lafplume sergent major, tout est prêt. 
Il fallait écrire en toutes lettres: «Je dis huit mille francs ›› et signer.
_«Allez_, Maîte Gaston, dit l'notai, vous écriai: Je dis huit mille francs et pi vos signal... ››
La buée brouillait les leunettes de notr' homme.
« ll fait chaud, la patronne dans ta maison ! ››
La plume est sur le papier, le J commence sa trace.
Le banquier s'y met à son tour: « Allez. Monsieur Bidois, écrivez «Je dis huit mille francs et vous signez ››.
Alors, calmement, en bon Cauchois malicieux au solide bon sens, on entendit: Jeudi, jeudi, mais est an-huit mercredi...
L'affé en resta là. .
0n a bu le café et la rinchette, et personne n'a jamais su comment il s'est débrouillé avec eul'notai, car il a acheté son corps de ferme.
Et comme il l'a dit apres: «J'sieu blé cotent, mais j'ai tou-ou pas signal ››.

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